Hip Hop Bonheur intérieur brut
Une représentation de HIP HOP samedi 19 mars à 11h00
par la compagnie La Piraterie
et deux ateliers d'initiation mercredi 23 mars
de 14 à 15h pour les 6-9 ans / de 15 à 16h pour les 10-15 ans
(ateliers sur inscription)
Note d’intention
En 2018, je quitte le territoire pour faire le tour du monde avec mon tout jeune mari. Je m’apprête à
vivre un voyage initiatique.
40 litres, c’est la dimension de mon sac, dans lequel je peux mettre le strict nécessaire. Un budget
modeste et l’essentiel, seront les éléments clés de ce périple. Manger, dormir, sourire, ressentir,
traverser, marcher, rencontrer, découvrir, improviser, lâcher prise, ne plus rien contrôler, choisir, ...
Mes pieds, et donc mon corps, seront mes principaux outils pour traverser les frontières, et quand
ce n'est pas possible, j'opte pour le bus, le train ou le vélo comme moyen le plus économique pour
visiter le monde. Je serai logée la plupart du temps grâce à la générosité des locaux, nous prêtant
un coin de leurs canapés, découvrant ainsi leurs cultures au plus près de leur quotidien.
J'expérimente par ailleurs la pleine conscience, lors d’une retraite Vipassana en Thaïlande, qui me
fait « reconnaître » chaque seconde de ma vie. Je médite plus de 10 heures par jour suivant la
discipline et les règles des moines et nonnes vivant au temple Wat Phrathatsrijomtong.
Le temps prends une autre dimension, il est à la fois vivant et imperceptible. Je perds toute
conscience des jours, des mois. Ce paradoxe créé un nouvel espace de vie durant lequel la
recherche du bonheur prévaut sur le reste.
La notion d’essentiel me questionne et je la vivrai pendant 6 mois durant lesquels je n'aurai pas de
lieu de vie fixe, et où je passerai la plupart de mon temps, à " être dehors ", à découvrir une nature
fascinante. Dans le mouvement également, je renoue avec l'essentiel. Danser quand j'en ai envie,
et non pour répondre à un propos, une commande, une directive. Est-ce à cet endroit où se trouve
la qualité et l'authenticité de ma danse ?
Je réalise durant ce voyage à la découverte de grands espaces naturels, que l'artiste manque
cruellement de Vitamine D, essentielle à son état physique et psychologique. L’artiste passe la
plupart de son temps dans un théâtre, cette boite noire, où il cherche l’inspiration, loin de la
lumière du jour.
La question du bonheur, se glisse dans mes valises pendant tout le séjour. J’ai cette envie
profonde de savoir comment les gens sont heureux ailleurs ? Est-ce différent à Bogota, qu’à
Medellin, à Bangkok, à Kanchanaburi, à Palenque, à Hiroshima, à Puno, qu’à Ushuaia ? L’histoire
d’un pays, son statut, ses guerres, sa culture, ses succès, définissent-ils le droit au bonheur des
individus ? Ou pouvons-nous parler de capacité à être heureux ? Le déterminisme ? Qu’en est-il ?
Avons-nous tous droit au bonheur de manière équitable ?
Le Bonheur National Brut, est un contrepoint au très économique Produit Intérieur Brut. En 1972,
Jigme Singye Wangchuck, tout juste sacré roi du Boutan à 16 ans, estime que le PIB ne prend pas
en compte des critères de satisfaction de vie et de bien être indispensable à une mesure précise
du niveau du bonheur. Le BNB s’appuie des critères relevant à la fois du PIB, de l’Indice de
Développement Humain tout en s’inspirant des valeurs du bouddhisme.
A travers cette création, j’aimerai retranscrire ce voyage sous forme de parcours initiatique et
artistique durant lequel les artistes, mais aussi les spectateurs traversent des étapes et des
nouvelles expériences leur permettant d’accéder à un autre état de conscience.
La méditation, le minimalisme, l’essentiel, la pleine conscience, la rupture, l’introspection, la
dépossession du matériel, la découverte de multiples cultures sont des éléments que j’ai traversé
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de manière intense durant ce laps de vie. J’ai envie qu’on s’autorise à vivre cette expérience
collective et à en faire l’essence de la création.
J’ai envisagé cette pièce comme un tout, j’avais également envie de bousculer mes codes de
création. Sortir d’un diktat, des croyances restrictives, de ce que l’on attend de moi. Avoir une
vision transversale dans la création et où j'en suis dans ma vie? Comment envisager cette création
de manière plus humaine avec une pensée collective et sociale loin de la pression que le
chorégraphe peut ressentir et que les danseurs peuvent subir ? Comment faire perdurer cette
sensation omniprésente sur le corps de lumière naturelle et d'oxygène ? Comment transmettre
aux artistes et aux spectateurs tout ce que j’ai ressenti et appris durant ce voyage initiatique et le
transformer en art ? Comment utiliser les visions sur le bonheur de centaines de personnes ?
Quel concept pourrait répondre à mes désirs de création ?
Donner un espace de vie et de jeu aux interprètes où ils peuvent prendre le temps d’exprimer
émotions et singularité, s'abandonner de confiance, où prendre le temps à sa place comme un
rituel de purification et une élévation de leurs arts.
Un jeu se crée entre les témoignages d’étrangers et locaux où la confidence sans censure amène
à une danse sans fioritures, minimaliste et brut où l'instinct prend le dessus sur la recherche de la
forme, et où chacun renoue avec ses cinq sens, lien entre tous.
Marlène Gobber, Chorégraphe
Cie La Piraterie